lundi 21 janvier 2013

Lettre ouverte

Le lycée Pablo Neruda,

Voilà un établissement qui, régulièrement depuis plusieurs années, subit des annonces de fermeture de classes, dont celle du BTS Industrialisation des Produits Mécaniques.

Ces annonces ont pu provoquer des "fuites" d'inscriptions : comment avoir envie de rentrer dans une filière fragilisée, non pérenne, voire dont le niveau peut baisser faute d'investissement puisque la classe va fermer !

Les effets de ces annonces provoquent, elles-mêmes, ce pourquoi l'on veut fermer une classe: un effectif insuffisant. CQFD…

Force est de constater qu'au lieu de promouvoir la filière BTS IPM et les enseignements technologiques et de réaliser le maillage nécessaire avec les entreprises du territoire, le Rectorat, la Région, les jeunes et les parents,toute l'énergie est utilisée :

- d'un côté à détruire (Rectorat et Région),
- de l'autre à sauver (parents, professeurs, étudiants, lycéens, industriels),

Or, il n’y a pas de fatalité concernant l’alimentation de nos secondes. Au lycée Neruda, nous  proposons les options Mesure et Pratique Scientifique (MPS), Science de l’Ingénieur (SI) et Conception et Innovation Technologique (CIT). Si un élève de troisième demande uniquement l’option Mesure et Pratique Scientifique en seconde, nous avons appris qu’il est systématiquement envoyé au lycée Ango. Où est l’erreur ? Si nous avions 5 à 6 classes de seconde, le lycée vivrait plus sereinement…

Le directeur de cabinet du recteur, avec des inspecteurs, sont certes venus rencontrer les enseignants en mars 2012, pour affirmer que le Rectorat nous aiderait de diverses manières pour promouvoir notre établissement. Ces annonces n’ont pas été suivies d’effets…

Où est la volonté du rectorat de défendre et pérenniser notre établissement ?

Madame le Recteur a entériné, le jeudi 17 janvier la décision de fermeture du BTS Industrialisation des Produits Mécaniques.

 Nous ne comprenons vraiment pas cette décision totalement injustifiée:

-    car nous respectons les contraintes imposées par le Rectorat à la rentrée de septembre 2012, à savoir le regroupement des classes de BTS CIM et IPM en une seule classe de 15 étudiants en regroupant les enseignements généraux (de mathématiques, de français, d’anglais et de physique appliquée) et en enseignement technologique, la mécanique théorique,
-    les enseignements généraux ont été aussi regroupés en BTS CRSA (Conception et réalisation de systèmes automatiques) et EN (Environnement Nucléaire).

Les économies de moyens demandées par le Rectorat ont bien été respectées.

L‘effectif considéré faible en BTS IPM étant le principal argument avancé par le rectorat, il me semble particulièrement important de rappeler que nous avons bien 13 étudiants en BTS IPM/CIM à ce jour en première année, pour une capacité de 15.  Ce regroupement se décompose en 6 étudiants de BTS IPM et 7 étudiants de BTS CIM. Pour information, deux étudiants de BTS IPM ont démissionné en début d’année de la section car ils ont trouvé un emploi. Nous étions donc au complet à la rentrée.

Nous sommes donc bien au-dessus des  effectifs annoncés en BTS CIM/IPM par Monsieur Alain Le Vern : 4 étudiants en 1ère année IPM et 5 étudiants en première année CIM, soit un total de 9 pour une capacité de 15, pour justifier sa décision de ne pas sauver cette section sur la radio France Bleu Haute- Normandie  (journal de 18h du 17 janvier et journal de 07h du 18 janvier).

Madame le Recteur ayant entériné le jeudi 17 janvier la décision de fermeture du BTS Industrialisation des Produits Mécaniques, nos terminales ne pourront donc pas postuler pour ce BTS, alors qu’au sein de notre établissement des lycéens ont déjà déclaré leur intention de poursuivre leurs études en BTS IPM ! Nous ne pourrons même pas connaître le potentiel d’étudiants car le portail informatique ne permettra pas aux terminales de s’inscrire dans le BTS IPM ! 

Nous avons des industries, sur notre territoire, composées pour la plupart de PME. Ces entreprises se sont regroupées en différentes grappes dont Dieppe Méca Energies. Cette dernière nous soutient pleinement, de même que la CCI de Dieppe.

Ces sociétés vont avoir besoin de techniciens et d’ingénieurs à court et moyen terme.

Il y a donc un avenir pour nos jeunes dans ces entreprises, mais ni le rectorat ni la région ne veulent nous donner les moyens de former notre jeunesse locale vers des métiers de production qui sont des métiers d’avenir sur le territoire dieppois. L’Etat, la Région et la communauté d’agglomération vont investir des millions d’euros pour soutenir l’implantation de nouvelles structures et réhabiliter les friches industrielles d’Arques la Bataille et d’Offranville (cf création de la nouvelle société Alpine Caterham et le projet éolien offshore)

Le gouvernement parle de ré-industrialisation mais il faudrait déjà penser à maintenir, sur le secteur de Dieppe, notre industrie, elle, recrute ! Où vont aller ces fabrications s’il n’y a plus de « bras » pour les produire ?

Nous citons les propos de Philippe Eudeline, président de NAE, dans la Chronique de Normandie du 15 octobre 2012 : « Pas de bras, pas de chocolat : la filière aéronautique manque de ressources humaines. Malgré un carnet de commandes bien rempli, les entreprises peinent à recruter. C’est un enjeu de premier ordre : pas de compétence, pas de développement. Pour résoudre ce problème, il faut un grand plan d’actions : travailler sur l’attractivité des métiers et du territoire, s’assurer que les formations sont bien en adéquation avec les besoins, travailler en lien avec les collectivités »

L’enjeu de la formation dans les métiers de l’industrie mécanique, n’est pas uniquement local mais concerne aussi l’ensemble de la région. Le rectorat n’a pas voulu entendre ces arguments qui sont pourtant bien connus par l’ensemble des acteurs économiques et politiques !

L’éducation n’est pas un coût, comme le signale Monsieur Christian Petit (Délégué Académique à la Formation Professionnelle Initiale et Continue, DAFPIC) dans son interview sur la radio France Bleu Haute-Normandie le vendredi 11 janvier à 18h, mais un investissement pour l’avenir du territoire dieppois !

Et ce coût est loin d’être exorbitant….Nous tenons à préciser que pour maintenir la section de BTS IPM 1ère année, d’après nos comptes, 19 heures de cours suffisent pour pouvoir assurer les enseignements technologiques car tous les enseignements généraux ont été regroupés pour les différentes classes de BTS à la rentrée scolaire 2012, à la demande du rectorat.

Les instances rectorales, que nous avons rencontrées mercredi soir, conseillent, après la fermeture du BTS IPM, aux les élèves intéressés par les métiers de production de l’industrie mécanique et désireux de rester à Dieppe, de se réorienter vers un autre BTS. C’est faire bien peu de cas des centres d’intérêt de nos jeunes ! Où serait-ce une méconnaissance du contenu de nos formations ?


Autre proposition émanant du proviseur du lycée : orienter  les terminales intéressées par cette formation vers Rouen. Or, il n’y a pas d’internat pour les étudiants au lycée Blaise Pascal, les familles devront donc louer un appartement  alors qu’elles ont en majorité de faibles moyens.

De plus, comme tous les acteurs locaux le savent par expérience, les jeunes qui partent de Dieppe  pour suivre des études supérieures ne reviennent pas travailler sur le territoire dieppois.

Le rectorat et le président Le Vern se sont dits scandalisés par les barricades établis par les lycéens, mais tout est fait pour ne pas donner de perspectives à nos jeunes alors que des emplois industriels de production sont là et aussi à moyen terme. C’est un véritable gâchis car les projections d’emploi au niveau de la métallurgie, pour les années futures, sont fortes, entre autres, dans la grappe d’entreprise Dieppe Méca Energies : Embauche de 30 techniciens par an pendant 10 ans d’après l’enquête réalisée par la CCI de Dieppe. Nous ne manipulons pas les lycéens et les étudiants contrairement à ce que Monsieur Alain Le Vern a dit dans son interview sur France Bleu Haute-Normandie.

Quant à la prétendue perspective qui nous a été présentée par le président Le Vern de ré-ouvrir la section de BTS IPM (domaine de la production)  quand la section de BTS CIM (domaine de la conception) sera complète, nous restons pantois. Nous nous interrogeons de la compréhension des enjeux de la part du président de région.

Seuls 5 élus politiques nous soutiennent officiellement alors que nous avons contactés tous les élus (maires, conseillers régionaux, conseillers généraux, députés, président de la République, ministres de l’Education Nationale, du redressement productif et de l’enseignement supérieur).

 Nous tenons à les en remercier d’autant plus chaleureusement en les citant par ordre alphabétique :
-    Monsieur Bernard Bazille, maire de Saint Aubin sur Scie,
-    Monsieur Serge Boulanger, conseiller général et maire de Longueville sur Scie
-    Monsieur Etienne Delarue, maire de Bacqueville en Caux,
-    Monsieur Jean-Claude Grout, maire de Rouxmesnil-Bouteilles,
-    Monsieur Sébastien Jumel, vice président du conseil général en charge de l’éducation et maire de Dieppe,

L’outil de formation est là comme l’a rappelé le président de région.

Nous lançons un appel pour réunir les instances rectorales et régionales à l’échelon de leurs décideurs, madame la sous-préfète, les industriels, les professeurs, les parents et toutes les personnes de bonne volonté autour d’une table ronde pour promouvoir et faire connaître nos enseignements technologique et scientifique. Le but est d’augmenter le flux de nos élèves en classe de seconde et donc alimenter nos classes post-bacs ce qui permettra de faire vivre notre lycée.

 « Les filières industrielles méconnues mais pleines d’avenir » était le titre en page de couverture et le titre d’un article dans le journal Ma Région de janvier 2013. Nous aimerions que dans son numéro de février 2013, ce magazine présente toutes les formations du lycée Neruda…
A quand,  « Les 5 jours de la mécanique » à l’image de ce qui a été fait pour la filière logistique ?

Nous formons des vœux pour 2013 (et les années suivantes….) pour que tous s’unissent pour promouvoir et développer notre lycée dans l’intérêt de notre territoire et de notre jeunesse.

Les enseignants de la section SNES du lycée Pablo Neruda et des enseignants non syndiqués.

1 commentaire:

  1. A l'heure où un bac + 5 est nécessaire pour intégrer correctement le monde du travail, les études courtes ne sont plus privilégiées.

    Ceci est en grande partie l'explication de ce que vous vivez actuellement.

    Bien cordialement.

    Un ancien élève de Neruda.

    RépondreSupprimer

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